Nous vous présentons ici plusieurs textes qui abordent tous le thème de l’« échange » dans un but d’apprentissage, mais chacun sous un angle très différent. Le premier texte met l’emphase sur l’aspect participatif et collaboratif que permettent les réseaux de communication.  Les autres textes présentent, eux aussi, différents aspects intéressants de l’utilisation d’Internet pour l’apprentissage, que ce soit pour un soutien émotionnel et pédagogique (télémentorat), pour permettre les échanges d’idées ou encore pour s’immiscer dans une communauté étrangère.

Des univers stimulant la collaboration

Community Support for Constructionist Learning de Amy Bruckman (1998)

MOOSE Crossing est un environnement textuel virtuel pour enfants de 8 à 13 ans conçu de façon à être un environnement d’apprentissage constructionniste. La philosophie constructiviste de l’éducation suggère que le fait d’apprendre par la construction de projets personnels et significatifs est préférable à un apprentissage dans lequel il nous est dit ce que l’on doit faire. Le constructionnisme, est une approche issue du constructivisme, qui ajoute que l’apprentissage est particulièrement efficace lorsque l’apprenant est engagé dans la construction de quelque chose que les autres doivent voir. En effet, il semblerait que l’un des processus les plus importants pour développer sa connaissance est d’expliquer et d’explorer son idée avec des camarades apprenants. Les enfants participant à MOOSE Crossing apprennent à programmer et à améliorer leur écriture et leur lecture en travaillant sur des projets qu’ils choisissent et élaborent dans une communauté de pairs. Le fait de travailler en communauté fournit des modèles, des projets modèles significatifs, un soutien émotionnel pour surmonter la « technophobie », un support technique, ainsi qu’un auditoire pour apprécier le travail accompli. Ce texte étudie dans le détail la nature de ce soutien et maintient que le soutien de la communauté est un élément essentiel pour l’apprentissage collaboratif. Il y est également mentionné qu’Internet est trop souvent conçu comme une « source d’informations », alors que l’une de ses qualités les plus importantes est de permettre des environnements de soutien tels que celui dont il est question dans le texte.

Le projet MOOSE Crossing a été développé dans le cadre de la thèse de Amy Bruckman. Vous pouvez consulter l’intégrale de cette thèse au lien suivant : MOOSE Crossing: Construction, Community, and Learning in a Networked Virtual World for Kids.  De plus, elle a étudié la collaboration et l’apprentissage dans un contexte similaire à MOOSE Crossing auprès d’une population adulte, ce dont elle traite dans le texte Programming For Fun: Muds As A Context For Collaborative Learning.

Faciliter les échanges : le télémentorat

Le mentorat est une pratique éducationnelle qui existe depuis bien longtemps, dans laquelle un « expert » dans un domaine donné parraine un « apprenant ».  Ce concept a été transposé à Internet, contexte permettant de relier des personnes qui ne pourraient physiquement se rencontrer autrement ou, tout simplement, facilitant les échanges par la flexibilité que les moyens de communication électronique permettent.

Le site Electronic Emissary est un véritable centre de recherche sur le mentorat électronique et fournit de nombreuses ressources à son sujet. Pour plus d'informations sur ce phénomène de plus en plus populaire, vous pouvez visiter le International Telementor Center, le National Mentoring Center, le National Mentoring Partnership, ou encore plus près de chez nous le site de Mentorat Québec.

Plus près de nous, Allô Prof est un bel exemple de mentorat entre professeurs et élèves. Il met en contact les élèves avec des professeurs, permet aux premiers de soumettre leurs travaux aux seconds par Internet, et même, à l’occasion, de communiquer en direct avec ceux-ci. Ces professeurs « virtuels » viennent effectuer le travail des professeurs traditionnels et deviennent un support à l’enseignement en classe.  Pour mieux saisir la pertinence indéniable de ce site, vous pouvez consulter la description du projet  : « Allô Prof, c'est quoi? » 

Le Village Prologue est une adaptation ingénieuse du mentorat; c’est une communauté virtuelle qui reconstitue une seigneurie du Bas-Canada au XIX^e siècle. Les jeunes peuvent communiquer et échanger avec ses « habitants » (animés par des pédagogues et des historiens, mais aussi par des étudiants plus âgés) et participer à des intrigues pour résoudre les événements étranges qui se passent au village. C’est un projet unique en son genre qui fonctionne déjà depuis plusieurs années. Vous pourrez en connaître davantage sur cet univers d’apprentissage motivant en consultant la section d’informations sur le village (qui se retrouve sur la page principale).

Quand le soutien dépasse le domaine scolaire

Le concept du mentorat a aussi été appliqué à un domaine fort intéressant : celui du choix de carrière. Le projet Academos permet à des élèves du niveau collégial qui se questionnent sur leur orientation professionnelle d’entrer en contact avec des professionnels ayant de l’expérience dans les métiers qui les intéressent. Ils peuvent non seulement discuter avec eux de différents aspects de la profession qu’ils considèrent, mais aussi obtenir un soutien quant à leur processus décisionnel au fil des échanges.

 
Se plonger dans une autre culture

IRC Français

Quelle est la meilleure façon d’apprendre une nouvelle langue? Une façon reconnue est de se retrouver dans un milieu où tout le monde parle cette langue, ce qui nous oblige à l’utiliser. Le moyen traditionnel pour accomplir ceci était de voyager. Une façon moins coûteuse de le faire pourrait être de participer à un univers virtuel dans lequel les communications se font dans une autre langue. IRC Français est un projet de recherche qui étudie comment l’apprentissage d’une autre langue est possible dans un environnement virtuel textuel.

Des communautés professionnelles

The MediaMOO Project: Constructionism and Professional Community de Amy Bruckman

On peut aussi imaginer que des communautés virtuelles puissent être formées de personnes qui ont terminé leur « apprentissage », c’est-à-dire des professionnels. Ces communautés pourraient servir de soutien, de formation professionnelle continue ou encore simplement de lieu d’échanges d’idées. Amy Bruckman a suivi ses convictions en créant une communauté pour les personnes intéressées par la recherche dans le domaine du multimédia.  Elle nous livre ici une évaluation de l’expérience.

Pour plus d’articles concernant les applications de l’ordinateur dans l’apprentissage, vous pouvez consulter le Interpersonal Computing and Technology Journal.